Beaucoup de personnes se sentent anxieuses, surtout les enfants. Les enfants ont moins d’expérience de vie et moins de contrôle sur ce qui leur arrive, ce qui peut leur causer beaucoup d’anxiété. Voici quelques façons de parler d’anxiété avec les enfants dans votre vie, et des solutions pour la surmonter. Ces idées peuvent aussi s’avérer efficaces pour les adultes.
- Recentrer et transformer ses émotions
Si nous traçions les émotions sur un graphique, il y aurait quatre quadrants définis par l’ampleur de l’activation du système nerveux (énergie élevée ou faible) et par l’ampleur de notre peur (peur ou sécurité). L’anxiété se trouverait dans le quadrant d’énergie élevée et de la peur. Fait intéressant, d’autres émotions viennent aussi activer notre système nerveux, comme l’excitation, la joie ou l’étonnement. La différence entre ces émotions est la peur qui les accompagne. L’anxiété et l’excitation peuvent se présenter de façon semblable dans le corps (papillons dans le ventre, paumes moites, agitation et difficulté à rester assis). Il pourrait donc être pratique de transformer l’anxiété en excitation. Par exemple, vous pourriez dire à votre enfant : « Tu donnes une présentation demain? – C’est très excitant! », « Tu as décroché le rôle principal dans la pièce de théâtre de l’école? – Tu auras du plaisir à te préparer! » ou « Demain, c’est ta première journée dans ta nouvelle école. – Ce sera très intéressant de te faire de nouveaux amis! ».
Vous pouvez montrer aux enfants où se trouvent les émotions dans ce graphique. Évidemment, chaque personne vit ses émotions différemment, avec plus ou moins d’énergie, par exemple. Comme activité, vous pourriez tracer un cercle avec quatre quadrants et demander à l’enfant où se trouvent ses émotions maintenant, et où il aimerait qu’elles se trouvent. Les enfants se sentent plus en contrôle sur leurs expériences lorsqu’ils découvrent plus clairement leurs émotions et savent les nommer.
La plus grande différence entre l’anxiété et l’excitation, c’est la peur. La peur de quoi? Souvent, c’est la peur de ce que les autres vont penser, faire ou dire. Parfois, la peur est un résultat. Il peut être utile de recentrer le but de l’émotion – au lieu de penser au résultat, portez votre attention sur l’intention ou l’effort. Nous sommes plus susceptibles de fonder de nouvelles amitiés lorsque nous concentrons nos efforts pour être gentils envers de nouvelles personnes que si nous nous soucions d’être aimés des autres.
- Libérons-nous de la peur
Il est parfois difficile de se défaire de la peur dans nos émotions d’anxiété. Ce qui peut nous aider, c’est de comprendre que la peur est associée aux expériences futures. Nous n’avons pas peur de ce qui se passe en ce moment, mais plutôt de ce qui pourrait se produire plus tard. C’est une notion très importante. Ce n’est pas la peur de ce qui se produira, car il nous est impossible de savoir exactement ce qui se produira. Nous pourrions croire qu’un enseignant sera fâché contre nous parce que nous n’avons pas fait nos devoirs, mais cet enseignant nous aurait peut-être accordé plus de temps si nous le lui avions demandé. Nous craignons que les autres se moquent de nous si nous posons une question, mais les chances sont qu’ils répondront sans réaction émotionnelle.
Il va sans dire que nos prédictions de l’avenir sont fondées sur nos expériences antérieures, et que la peur comme mécanisme de survie a permis à l’humain de survivre depuis le début des temps. Cela dit, notre alarme de peur se déclenche trop facilement maintenant. Il est bon de remarquer lorsque nous avons peur, de déterminer la raison de cette peur, puis d’agir pour ne plus avoir peur. Au fond, la peur est un signe qu’il faut agir. Nous devons prendre de bonnes décisions, et c’est ce que la peur nous rappelle de faire. Un virus menace votre vie? Portez un masque, lavez-vous les mains, écoutez les experts, faites-vous vacciner – il s’agit là de mesures pour vous aider à éviter d’être très malade. Quand nous faisons ce que notre peur nous rappelle de faire, nous pouvons laisser aller l’émotion. Remarquez les signes de l’émotion, suivez ses directives, mais évitez de la traîner avec vous.
Il s’agit d’un bon rappel que la peur concerne l’avenir, et que si nous restons ancrés dans le moment présent, nous aurons moins peur. Exercez-vous à être présent. Remarquez le monde qui vous entoure – que vous disent vos sens? Qu’est-ce que vous voyez, entendez ou sentez? Tentez d’assembler un casse-tête – il pourrait s’agir d’une activité plaisante à faire en famille. Essayez de vivre l’instant présent autant que possible. Lorsque vous faites la vaisselle, faites la vaisselle. Lorsque vous promenez le chien, promenez le chien. Lorsque vous parlez avec quelqu’un, parlez-lui, tout simplement. Sans apprendre à être présent, et en s’échappant sans cesse du moment présent, il devient plus difficile d’y arriver lorsque les choses se compliquent. Éteignez la télévision, déposez votre téléphone, fermez les médias sociaux et contentez-vous d’exister pendant un moment chaque jour.
- Renouer avec les autres
Johann Hari a rédigé un livre intitulé Lost Connections en 2018. Ce livre porte sur la dépression, et Hari indique que la dépression et l’anxiété sont les deux côtés de la médaille: deux réactions différentes à une même chose. Établir des liens atténue la dépression et l’anxiété. Il parle de renouer avec les autres, avec le travail significatif, avec la nature, et donne beaucoup d’autres conseils et idées. Songez à la façon dont vous pourriez apprendre à vos enfants à créer des liens significatifs avec le monde qui les entoure. Comment pourriez-vous montrer l’exemple? Vous pourriez commencer par créer des liens avec eux de façon significative, et les aider à faire pareil avec d’autres. Sortez et apprenez-en davantage sur la nature dans votre région. Quels sont ces arbres et quels oiseaux voyez-vous ou entendez-vous? Y a-t-il quelque chose que vous pourriez faire pour améliorer votre environnement (journée de nettoyage communautaire, installation d’une mangeoire à oiseaux dans la cour arrière)? Avez-vous déjà construit un nichoir à chauve-souris? Lorsque nous en apprenons davantage sur la nature et que nous en profitons, nous devenons plus présents et connectés de façon réelle, et il devient donc plus difficile d’être anxieux.
- Renforcez votre résilience
La peur nous rend mal à l’aise. Que faites-vous quand vous êtes mal à l’aise? Apprendre aux enfants qu’il est acceptable d’être mal à l’aise renforce leur résilience de plusieurs façons. J’ai déjà vu une vidéo sur des enfants en Russie qui se roulent dans la neige. Après un passage au sauna où ils ont très chaud, ils courent dans la neige (en sous-vêtements!), se vident de l’eau sur le corps, puis se roulent dans la neige. Avoir très chaud ou très froid est une sensation inconfortable, mais ils s’exercent d’abord, puis l’expérience n’est pas aussi déplaisante qu’ils le croyaient. Pouvez-vous rester présent en situation inconfortable? Est-ce que vos enfants le peuvent? Que se produit-il lorsqu’ils s’ennuient? Apprendre à tolérer l’ennui, le froid et la chaleur peut rendre l’inconnu moins difficile.
Nous pouvons aussi renforcer notre résilience en apprenant de nouvelles choses et en nous mettant au défi. De combien de façon pouvez-vous apprendre? Nous pouvons apprendre quelque chose physiquement, comme divers mouvements du corps (danse, yoga, arts martiaux). Nous pouvons aussi apprendre de nouvelles aptitudes, comme jouer du piano, tricoter ou faire de la pâtisserie. Apprendre un nouveau langage, comme l’espagnol ou HTML5, peut faire travailler votre cerveau. Tout ça peut accroître la résilience. Plus nous sommes résilients, plus nous avons confiance en notre capacité de gérer de nouvelles situations, et moins anxieux nous serons au sujet de ce qui pourrait se dessiner à l’horizon.
La pandémie n’est pas encore derrière nous, mais même lorsqu’elle le sera, il y aura toujours une panoplie de facteurs qui pourraient nous rendre anxieux. Cependant, si nous parvenons à voir nos émotions d’un nouvel œil, à nous exercer à être présents et connectés, et à apprendre à renforcer notre résilience et celle de nos enfants, nous serons mieux outillés pour gérer avec force, présence et aisance toutes nos réactions émotionnelles aux situations qui se présentent à nous.
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Jennifer Snowdon
Professeure de yoga et éducatrice en respiration Buteyko
Jennifer Snowdon est professeure de yoga et éducatrice en respiration Buteyko. Elle vit et travaille sur la côte est du Canada avec son mari, l'un de ses trois enfants, ses deux chats et un poisson. Elle passe son temps libre à tricoter, à manier son épée Gumdo et à préparer des pizzas d'enfer pour sa famille.
En tant que seule éducatrice Buteyko à tenir compte des traumatismes, elle aborde la respiration sous un angle unique dans ses cours de réentraînement respiratoire.
En réunissant les traditions du yoga, la science de la respiration et du corps, et la compréhension du système nerveux et des traumatismes, elle aide les gens à bouger, à respirer et à vivre des vies plus présentes et plus connectées.
Vous pouvez entrer en contact avec Jennifer et découvrir ce qu'elle fait sur son site Web.